The Colonel's
Bequest
Tilt n°77 - Avril 1990
PC TOUS ECRANS
Une enquête dans le plus pur style Agatha Christie avec des personnages
suspects bloqués sur une île brumeuse, des meurtres et une intrigue
évolutive menée par une innocente héroïne...
Sierra One Line. Scénario : Roberta Williams ; programme : C. Hoyt
et C. Iden ; animation : D. Herring ; graphisme : J. Austin, D. Herring et
J. Moore ; musique : K. Allen
C'est
un Sierra pas comme les autres. Plus que jamais, l'ambiance est au rendez-vous
dans cette vieille demeure où s'affrontent douze personnages, qui semblent
tout droit sortis des meilleurs écrits d'Agatha la rusée. Colonel's
Bequest est un soft passionnant, inoubliable, incontournable.
Ce qui différencie cette aventure des productions antérieures
de Sierra, c'est son intéractivité poussée, l'évolution
de l'intrigue que vous devez résoudre. Finie la longue quête d'indices
qui vous mène au travers d'un vaste terrain de jeu, sans jamais de retour
en arrière. Ici, la jeune Laura se retrouve bloquée sur une ïlequi,
outre la grande demeurre du colonel, compte quelques hangars, une église,
des jardins. A l'intérieur de la maison, une douzaine de pièces
renferment un nombre impressionnant d'indices. Et c'est au milieu de ce superbe
décor "vieille angleterre" que le drame se noue...
Au cours du premier dîner qui suit votre arrivée,
le vieux colonel annonce qu'il fera hériter toute sa famille. Sa famille,
réunie au grand complet pour l'occasion, se compose en fait d'une dizaine
personnes toutes plus louches les unes que les autres. Une seule semble dénuée
d'arrière-pensées : Laura, votre personnage, invitée au
manoir par son amie Lillian. On
interroge les gens, on prend des notes sur les amitiés, connivences ou
haines farouches qui lient tous ces personnages., on farfouille, en attente...
du premier crime. L'une est alcoolique, l'autre a des dettes, le troisième
parle tout seul avec le perroquet... Après une journée entière
de recherche (correspondant à une heure sur la grande horloge du hall),
un cri, une tache de bougie, Gertrude a traversé la fenêtre pour
mourir dans les plates-bandes du parc. Accident ? Ce n'est en tout cas pas le
dernier ! Dans Colonel's Bequest, les personnages évoluentquelle
que soit votre progression. Si elle n'est pas très attentive, la jeune
Laura (une héroïne, c'est rare dans la micro, mais il faut dire
que le scénarioest de Mme Roberta Williams) passe à côté
de tous les indices, ne découvre pas ces passages secrets qu ipermettent
d'écouter sans être vu, ne flaire rien d'anormal dans le plancher
de la chapelle, ne surprend pas le vieux colonel et la servante Fifi en pleine
action... Bien sûr, l'aventure risque très vite de devenir mortelle
pour notre jeune détective, comme le témoigne par exemple, la
superbe scène de la douche, clin d'oeil à la Psychose d'un certain
cinéaste ! Car, en plus de sa formidable intéractivité,
ce soft utilise une gestion graphique absolument parfaite. En mode EGA, les
décors sont d'une qualité irréprochable. L'animation des
personnages, à la Sierra,
est toujours aussi souple. Enfin, un nombre incroyable de mini animations vient
accentuer le réalisme de l'histoire. On sursaute quand la silhouette
de l'assassin passe derrière une vitre, on a le frisson lorsque, cachée,
Laura surprend une conversation. Côté maniabilité, merci
à la souris pour sa souplesse et aux classiques touches rapides qui répètent
vos ordres ou raccourcissent la frappe au clavier. Les très nombreux
interrogatoires auxquels se livre Laura auraient pu être fastidieux. Pourtant,
l'aventure est tellement passionnante que jamais je n'ai ressenti la moindre
lassitude. Souvenez-vous de l'excellent Manoir de Mortevielle. Colonel's
Bequest surpasse, à mon sens, ce déjà très fameux
titre, à la gestion plus directe du personnage. En fait, ce soft mêle
l'ambiance du Manoir à l'action 3D d'Indiana Jones.
Qu'espérer de mieux ? Ah si, un seul petit défaut...
Lorsqu'un personnage sort d'une pièce, Laura peut toujours être
tenter de le suivre, elle n'y parvient pas puisqu'il disparaît systématiquement.
Mais
souligner un tel défaut, c'est en fait complimenter encore l'équipe
de Sierra. Face à un produit d'une telle qualité, on en vient
à imaginer un jeu encore plus fou, une partie où plusieurs joueurs
manieraient chacun l'un des personnages, où l'intéractivité
serait parfaite, l'aventure micro du futur en quelque sorte. Un nouveau pari
pour l'équipe de Sierra...
En attendant, foncez tous chez Henri Dijon, le colonel (qui pourrait bien mourir,
à moins que ce ne soit lui le coupable ?), et sus à l'ennemi !
P.S. : rendez-vous sur la rubrique Message in the bottle pour
les premiers rapports de l'enquête...
Olivier Hautefeuille